On se souvient de cette étude Ecsmoke, annoncée début 2016, puis évoquée par celui sous la houlette de qui elle allait être menée, le Dr Ivan Berlin de l'AP-HP, lors du premier Sommet de la Vape en mai suivant.
Le dossier de consultation pour la fourniture de « cigarettes électroniques et recharges de e-liquides » était d'ailleurs publié quelques semaines plus tard. Le 20 juillet précisément, avec pour date limite des offres, le 19 septembre.
On relira les réactions qu'avaient alors suscité les termes, et les conditions que ces derniers laissaient augurer pour cette étude, dans Vap'You :
"Étude e-cigarette en France, l’appel d’offres qui inquiète…"
... ou dans VapingPost ici : "E-cigarette contre Champix : des conditions d’étude étranges"
"Étude e-cigarette en France, l’appel d’offres qui inquiète…"
... ou dans VapingPost ici : "E-cigarette contre Champix : des conditions d’étude étranges"
Puis un rectificatif, portant notamment sur la date limite de remise était publié pour cet appel d'offre le 16 septembre, celle-ci étant repoussée au 10 octobre 2016... Sans surprise, au vu des termes farfelus du cahier des charges !
...Et puis plus de nouvelles...
On efface tout, et on recommence
...Et puis si, en voilà, en ce mois de mars 2017. On efface tout, et on recommence. Un nouveau dossier de consultation vient d'être publié ce 10 mars, avec remise des offres fixée au 29 mars prochain.
Il semble que les chargés de cet appel d'offres aient un peu plus étudié le sujet, cette fois, voire demandé des avis à des connaisseurs. Le matériel demandé est bien mieux défini, et semble plus réaliste. Ils ont même découvert qu'existait le contrôle de température. ...Enfin, de là à vouloir le faire utiliser par des débutants... et avec la seule valeur de résistance exigée, fixée à 1,5 ohms ! Ils espéraient sans doute là nous faire démonstration de leur nouvelle et désormais parfaite expertise du sujet... Ben, encore raté.
La formation du personnel en charge de l'étude est, cette fois, bien prévue et obligatoire. (Elle n'était que facultative, dans la première mouture). Vraiment pas un luxe, quand on sait que les chances de succès pour un vapoteur débutant, reposent pour une large part, sur l'échange avec des utilisateurs expérimentés, le conseil lors des divers aléas qu'ils peut rencontrer, ou l'auto-support.
Une solution qui reste à trouver
Autre exigence, les clearomiseurs et les flacons de liquide devront permettre de visualiser le niveau de liquide, mais pas sa couleur. Si on ne comprend pas bien l'intérêt d'une telle demande, étant donné qu'un seul liquide sera utilisé (voir plus bas), donc d'une même couleur, cette demande devrait pouvoir être satisfaite pour les atomiseurs, par l'emploi de pyrex de couleur, par exemple.
Il sera sans doute plus difficile de répondre à cette exigence, pour les flacons de liquides, surtout avec une remise d'échantillons dans à peine plus de 2 semaines ! A moins que certains des éventuels soumissionnaires utilisent déjà des flacons colorés, la solution reste à trouver.
Un bon point. Les candidats à cette consultation devront remettre une « déclaration sur l’honneur d’absence de lien avec l’industrie du tabac » ! (On notera qu'ils ne demandent rien concernant d'éventuels liens d'intérêts avec l'industrie pharma )
Point noir....
Et l'on en arrive au point noir, à l'énorme point noir, les spécifications des liquides.
Si on peut comprendre, pour des besoins de comparaison, l'intérêt de séparer les fumeurs qui serviront de « cobayes » en 2 groupes, l'un avec, et l'autre sans nicotine, n'importe quel professionnel ou vapoteur expert sait que le succès de la vape repose, pour une très grande part, sur la variété des liquides, satisfaisant tous les goûts, mais aussi sur les différents taux de nicotine disponibles, pour que chaque fumeur puisse trouver dosage à lui convenir, puis le faire évoluer, suivant son avancement dans le sevrage. On le sait, pour maximiser les chances de réussite, la vape doit convenir, s'adapter à chacun, et surtout plaire ! Ça ne doit pas, ça ne peut pas être une contrainte, comme peut l'être un médicament, univers que connaissent sans doute très bien ces scientifiques, mais trop bien pour imaginer qu'il puisse exister d'autres voies, manifestement.
Mais non. Ici, les testeurs devront faire leur all day d'un «arôme tabac blond (...) le plus communément consommé, le tabac blond devant convenir à l’ensemble des sujets de l’étude» (sic). Et celui-ci, soit en concentration de nicotine 12 mg/ml, soit en taux zéro. Pas d'autre choix !
Bah, échec assuré, encore une fois !
Échec, non seulement pour l'étude, mais plus grave, aussi pour les fumeurs qui seront soumis à des limites aussi restrictives. La seule chose qu'ils arriveront à faire avec de telles conditions, c'est convaincre une majorité de ces testeurs que la vape n'est pas ce qui leur convient, et les mener à coup sûr à l'abandon. Abandon d'autant plus dévalorisant que les candidats fumeurs devraient être particulièrement motivés et optimistes pour y arriver, pour cette (sans doute) nouvelle tentative, car dirigée par des « experts », des scientifiques. Aucune excuse pour eux (se diront ces fumeurs) de ne pas y arriver dans ces conditions idéales et aussi bien encadrées, donc.
Qu'on vienne me raconter que « c'est pour les besoins de la science », hein. Mais on ne m'empêchera pas de trouver particulièrement malsain de « jouer » de la sorte avec des fumeurs qui n'aspirent qu'à sortir de leur tabagisme, et de les mener sciemment à un échec de plus !
Un peu de mieux, donc, par rapport à la version initiale. Mais toujours loin d'être parfait pour entrevoir un succès de cette étude et démontrer le potentiel de la vape, ou encore mieux, pour espérer permettre aux fumeur participants de sortir gagnants de cette expérience !
Le dossier de consultation disponible ici
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