1 SansFumée: Nicotine et vape : les dégâts de la diabolisation

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jeudi 26 juillet 2018

Nicotine et vape : les dégâts de la diabolisation

 
C'est une publication qui fait beaucoup réagir, sur les réseaux de vapoteurs ou d'auto-support à l'arrêt du tabac, ces derniers jours. 
Il semblerait même que bon nombre des membres et participants de ces réseaux, aient aujourd'hui acquis quelques connaissances et compétences bien plus solides que celles d'animateurs d'une structure pourtant dédiée à l'aide à l'arrêt du tabac comme « Tabac Info Service », puisqu'il s'agit d'une de ses publications dont il est question.
Plusieurs acteurs de ces réseaux ont d'ailleurs réagi en laissant un commentaire sous ce post (plus de 80 ce jeudi soir). Sans que cela ne suscite de réaction, ni démontre qu'on y ait vraiment compris ce qui les provoquait...

   
    
Ce mardi 24 juin, Tabac Info Service nous gratifiait de sa «  Réflexion du jour », celle qui a fait tomber de sa chaise toute personne, professionnelle de santé ou pas ayant quelque connaissance des mécanismes de l'addiction au tabac fumé. 
 
« La nicotine, on l'élimine ! ». Réflexion accompagnée d'une illustration affichant cette autre pensée malheureuse « Je ne veux ni tabac, nicotine » !!!
   

Ah mais c'est qu'on a des experts en jeux de mots, chez TIS, à défaut d'avoir quelque connaissance en matière de tabacologie, ce qui semble pourtant un minimum pour communiquer pertinemment et efficacement sur le sujet.

Donnée aggravante, c'est donc d'une structure tout ce qu'il y a de plus officielle, car dépendante de « Santé publique France », elle même placée sous la tutelle du Ministère des Solidarités et de la Santé, et spécifiquement chargée de l'aide à l'arrêt du tabac, qui diffuse un message aussi contre-productif et désastreux. A noter qu'outre les commentaires évoqués plus haut, ce post a fait l'objet de plus de 110 partages, à l'heure qu'il est, donnant à ce post une visibilité non négligeable. 
Bon, à noter qu'il y a aussi dans le lot quelques pharmacies. Celles-ci renonceraient-elle désormais à vendre des substituts nicotiniques ?
   
  

Mais qu'est-ce que la nicotine ?


Faut-il rappeler que si la nicotine est l'un des éléments causant l'addiction au tabac fumé, elle ne l'est que parce qu'alliée dans la fumée issue de la combustion, à des dizaines de molécules différentes, (dont certaines rajoutées à dessein, par les fabricants) et tout particulièrement les IMAO (Inhibiteurs de Monoamines Oxidases), celles-ci ayant pour particularité d'exacerber le pouvoir addictif de la nicotine.
A l’opposé et utilisée sans autre substance intensifiant ses effets, l'intérêt de la nicotine est de permettre de sortir du tabagisme en atténuant la sensation de manque. C'est d'ailleurs précisément en regard de cette propriété intéressante qu'existent et sont utilisés des « substituts nicotiniques »... largement mis en avant par ailleurs par les conseillers de Tabac Info Service, pour aider les fumeurs à arrêter !
Rappelons encore qu'un apport de nicotine suffisant est un élément crucial, et un gage de succès dans l'arrêt du tabac. S'en passer complètement dès le départ, ou vouloir s'en débarrasser trop vite expose à un risque de rechute dans le tabagisme d'autant plus important.

Il ne faut pas se tromper d'objectif, qui reste bien d'arrêter la cigarette brûlée et de sa fumée toxique, et non de la nicotine ! Cette opprobre permanente depuis les débuts de la lutte contre le tabac dans les années 70, sur cette seule substance , mène beaucoup de gens à la craindre plus que de raison. Les années d'accusation de celle-ci ont des effets désastreux aujourd'hui dans la lutte contre le tabagisme. Bien des fumeurs tentant de se sevrer du tabac fumé, voulant se défaire tout aussi vite de la nicotine. On le constate et déplore chaque jour, sur les groupes d'auto-support et d'aide à l'arrêt du tabac fumé. Les faux-pas mais aussi les rechutes dans le tabagisme ne se comptent plus, seulement dus à cette obsession à se débarrasser d'urgence de la nicotine. Celle-ci utilisée seule, et sans toutes les substances augmentant ses effets, ne présente pourtant pas de danger significatif, à fortiori en comparaison avec les autres composés toxiques de la fumée. 
 
Pas très cohérent donc, de la part d'un service gouvernemental spécialisé en matière d'aide aux fumeurs, de les encourager à utiliser un produit d'un côté, tout en les dissuadant d'y avoir recours d'un autre !
  
A toutes fins utiles et à l'attention des communicants de TIS, on pourra leur conseiller d'apprendre par cœur cette citation de Michael Russell, pionnier de la tabacologie et premier défenseur de la réduction du risque tabagique, qui affirmait dès 1976 que « les gens fument pour la nicotine, mais meurent des goudrons ».
 
C'est aussi la même nicotine, et également classée « grade pharmaceutique » qui entre dans la composition des liquides à vaper, mais souvent décriée dans cette utilisation ces dernières années, y compris par les mêmes tabacologues de TIS, jusqu'à il n'y a pas encore si longtemps. Mais malgré l'évolution récente de leur présentation de la vape, on déplorera de toujours y trouver quelques écrits qui entretiennent une certaine confusion; laissant sous-entendre que l'usage de la vape ne serait pas, ou alors ne permettrait pas un arrêt véritable ou complet du tabac fumé. *( Voir Edit du 27 juillet sur ce sujet en fin d'article )
   
    
 La Réduction du Risque selon Pfizer
   
   

Confusons, confusons, il en restera toujours quelque chose...


Une confusion dont usent et abusent bien d'autres. Notamment la Ministre de la santé Agnès Buzyn qui, en contradiction avec la position prise par l'INCa en 2013 (Institut national du cancer) affirmait plus récemment « que la vape ne permettait pas d'arrêter de fumer » (j'en parlais ici). A noter que l'agence était dirigée par la même Mme Buzyn, lors de la publication de cet avis de l'INCa. 
Actuellement, une entreprise pharmaceutique tente d'imposer sa définition bien à elle de ce que serait la «Réduction du Risque tabagique», dans le but ouvertement annoncé de combattre cette approche de la lutte contre le tabagisme, et privilégier la sienne, on l'aura compris.
 

 

Pas mieux du coté du CNCT

 

Le Comité National Contre le Tabagisme se présente comme « la première association qui s'engage et agit pour la prévention et la protection des personnes face aux méfaits du tabac...». 
  
Mais pas sûr qu'en diffusant le 5 juillet dernier un tweet dont le message est « La nicotine est une drogue extrêmement addictive très difficile à arrêter sans aide », qu'ils contribuent vraiment à aider, ceux qu'ils considèrent ici comme des drogués, à arrêter de fumer !
   
Ici encore, et malgré les nombreuses remarques, y compris d'éminents spécialistes, ce tweet et son message calamiteux sont toujours là. Il semble bien qu'au CNCT, et malgré l'expertise dont ils se targuent, que tout cela ne fait réagir ou ne dérange pas grand monde !




 

La palme (provisoire ?) à l'INSERM


Évoquons aussi cet article du 3 novembre 2017 (tout au début du Mois sans tabac, donc), publié sur « MAAD Digital », un site dépendant de l'agence publique INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), et qui se destine à « diffuser une information sur les Mécanismes des Addictions à l'Alcool et aux Drogues... accessible aux adolescents et jeunes adultes ».
    
« Le sevrage de la nicotine », c'était le titre de cet article, qui rajoutait sur l'image l'illustrant, l'avertissement : « Pour retrouver tes supers pouvoirs, de nombreuses épreuves tu devras traverser..». 


Ah mais c'est qu'il faut être sacrément fin psychologue pour pondre un tel encouragement ! Du jamais vu !  
Activer les angoisses de l'arrêt pour inciter à arrêter ! 
Et une nouvelle fois, raviver cette crainte irrationnelle de la nicotine. Un article totalement irresponsable qui loin d'encourager ou d'orienter les fumeurs vers les solutions d'aide existantes, y compris médicales ("L’intérêt des médicaments d’aide au sevrage (bupropion, varénicline) n’est pas démontré et il en est de même pour les substituts nicotiniques (patch)."), choisit de faire fuir, à l'approche d'une tentative de sevrage.  En outre, prévient l'auteur, ce sevrage ne pourra qu'être difficile !
A l'aube de l'opération Mois sans tabac 2017, on peut clairement s'interroger sur ce que pouvait être l'objectif de celui qui se dit « Chargé de mission Addiction » au sein de l'INSERM, pour dispenser de tels "encouragements", hormis une tentative de sabotage !



Et dans les médias d'information médicale ?
 
Au vu de ce que diffusent les agences ou assos qui font référence sur le thème, pas de raison qu'il en aille autrement mieux dans la presse médicale destinée aux professionnels, et encore moins dans celle qui s'adresse au grand public. 
Paru ce lundi 23 juillet sur le site « Pourquoi Docteur  » un article particulièrement confus, liant caractéristiques et comportement de la nicotine dans l'organisme, avec les conséquences du tabagisme comme cancers du poumons, AVC, infarctus du myocarde... 
Un indigeste méli-mélo d'éléments sans lien, et dont le lecteur ne pourra sortir que convaincu que la nicotine est bien la cause des méfaits de la clope, et que pour en sortir, le mieux sera d'éviter à tout prix d'y avoir recours !

   

      

Incompétence et inconséquence caractérisent toutes ces publications d'où qu'elles viennent. 

  
Tout tabacologue digne de ce nom sait aujourd'hui quel est l'intérêt de la nicotine, dans le sevrage tabagique. Il est également reconnu que cette substance n'est pas le problème, mais la solution. Ou que pour optimiser les chances de réussite d'arrêt du tabac fumé, mieux vaut avoir un apport suffisant de nicotine, et que de s'en débarrasser n'est en aucun cas l'urgence, contrairement aux toxiques contenus dans la fumée issue de la combustion.
Tout animateur de groupe d'auto-support tel qu'il en existe aujourd'hui (comme le groupe Je Ne Fume plus ou encore Vape Info Service), a appris la nécessité d'encourager, rassurer, soutenir les fumeurs, à l'approche ou dès lors qu'une tentative d'arrêt du tabac fumé est amorcée. Il a acquis une expérience qui, jusqu'à il n'y a encore pas si longtemps n'existait pas, et sait désormais comment accompagner au mieux et au quotidien la démarche de la "défume". Quelques professionnels de santé l'ont bien compris et commencent à s'y intéresser.
  
D'autres se contentent de se reposer sur leurs acquis anciens, et de ressasser les mêmes messages inefficaces et contre-productifs...

Il serait grand temps que tous ceux en charge, et qui communiquent sur le sujet de l'arrêt du tabac fumé, apportent une information réelle, objective, et cessent de faire perdurer ces légendes en diabolisant la nicotine. Grand temps qu'ils prennent conscience de l'impact néfaste de ce type de communication, et des responsabilités qu'ils prennent en les diffusant !



Et à la fin, arrive le désastre...


Hier, mercredi 25 juillet c'est une terrible nouvelle qui nous arrivait des États-Unis.
Un jeune homme est mort, suite à l'usage de la vape. Mais pas exactement des dangers que certains, pseudos-experts, acteurs de la lutte anti-tabac ou médias persistent à prédire...
Mais bien des conséquences de la désinformation que ceux-ci entretiennent !


Je reprends ici la traduction de Claude Bamberger, relatant les faits :

« Hospitalisé après s'être effondré dans sa salle de bain et étant très faible (tension et pouls bas, nausées, maux de tête, désorientation, difficultés à parler), les parents ayant trouvé une vape à côté de lui, les médecins affirment qu'il est empoisonné par la nicotine vapotée.

En observation son état s'améliore un peu et les médecins le renvoient chez lui au matin. Quelques heures plus tard les symptômes reviennent et ses parents le ramènent à l'hôpital où il perd conscience. Il meurt le lendemain.

Sa chute initiale était due à un AVC, tous les symptômes étaient concordants, mais les médecins ont affirmé un empoisonnement insensé, sans même vérifier, sans confronter les symptômes au réalisme qui rappellerait qu'on n'aurait jamais eu cette analyse concernant un fumeur, même un surdosage de nicotine ne produisant pas cela.

Ah, l'autopsie a révélé les causes, une maladie relativement rare qui réduit le flux de sang dans les artères ayant causé l'AVC, et constaté l'absence de nicotine dans le sang du jeune homme…

Diaboliser un produit conduit à des catastrophes sanitaires, que ce soit protéger le tabac fumé comme option finalement présentée comme équivalente aux jeunes, ou comme ici d'inventer des diagnostics fantasmagoriques. 
Les campagnes d'acteurs de santé publique en ce sens montrent l'ampleur de leur irresponsabilité. »
 
  
Ce fait dramatique devrait servir de mise en garde pour les responsables de la lutte antitabac et de la santé publique, qui entretiennent ce climat de peur et de confusion autour du vapotage et de la nicotine, ainsi qu'aux médias qui relaient ce genre de discours irresponsables.
   
En tiendront-ils compte ?

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Édit (Vendredi 27 juillet - 12h32)

En capture, un petit extrait des échanges, à la suite du post de Tabac info Service...



Précision, « Marion Mrgs » qui pose ces quelques questions ici... est tabacologue. 
Comme elle le précise dans sa 2ème question, elle est ex-fumeuse mais n'a pas arrêté de consommer de la nicotine pour autant. 
     
On recherche donc activement, tout médecin ayant quelque connaissance, compétence ou expérience
 en matière d'aide à l'arrêt de la nicotine ! 😨 


1 commentaire:

  1. Commencent à me gaver, toutes ces conneries. Fatigué, aussi, d'être à chaque fois obligé de combattre pied à pied chaque communication mensongère, chaque publication irresponsable limite criminelle. Ce n'est plus de la "non assistance à personne en danger" voire de "l'homicide involontaire", cette constante désinformation intox frise "l'homicide volontaire avec préméditation pouvant donner la mort AVEC L'INTENTION DE LA DONNER" ... Ça m'ulcère.
    Je vais finir par faire comme la plupart, m'en désintéresser complètement, et continuer à vaper AVEC NICOTINE, égoïstement, tout seul dans mon coin.
    Quand j'ai commencé la Vape en 2011, il n'y avait certes pas de publication vénéneuse qui aurait pu m'en dissuader, mais il n'y avait pas non plus de communication positive et instructive, pas d'information particulière qui aurait pu m'inciter à continuer dans ce choix.
    Mon côté "vieux geek sur le retour" a fait le boulot en me faisant découvrir une invention révolutionnaire qui m'a redonné mon souffle, le goût oublié de plein de choses, qui ne me jaunit plus ni les doigts ni les dents, qui a rendu mon haleine supportable, qui me permet de continuer à faire mes volutes en restant avec mes amis sans risque pour leur santé et la mienne et qui a supprimé ma toux catarrheuse du matin. Je peux choisir mon dosage de NICOTINE et le faire baisser petit à petit (ou pas), je ne cherche plus d’un air inquiet un cendrier comme avant, quand j'arrivais quelque part avec une clope allumée, et même si tout le monde s’en fout, je ne balance plus un mégot par terre …
    Nul n'est besoin d'être toubib, rédac en chef, directeur de publication ou président d'une quelconque "assoce anti tabac" pour se rendre compte de tout ça. Et moi, ça me va.

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