Le tabac, c'est tabou... et les aides pour en sortir aussi ?

"- J'ai de furieux maux de tête depuis des années. Mais cette fois, enfin c'est décidé, j'arrête !

   

- Bravo à toi pour cette décision ! Super, génial. Tu as un médicament, pour t'aider ?

     

- Ah non, rien qu'avec la Volonté, moi ! La Volonté, y'a que ça ! Ça va être difficile au début, mais ça vaut le coût et j'y crois. Et avec les encouragements de ce groupe, il finira bien par céder, ce satané mal de tête :-)          
   

- Magnifique. Le début est toujours le plus dur, courage. Le mal de tête ne dure jamais plus de 3 minutes. Pour le faire passer, tu peux manger une pomme, boire de l'eau, regarder par la fenêtre... Mais avec une motivation comme la tienne, c'est sûr que tu vas réussir à le faire passer, ton mal de tête !..."*

     

*Inspiré de commentaires lus sur des groupes #MoisSansTabac, librement réinterprétés et adaptés au #MoisSansMaldeTete.

   

Mois Sans Tabac, 3ème

   

Bientôt la 3ème édition du Mois Sans Tabac. Les annonces commencent à apparaître, des animations, des événements, émissions de télé, opérations diverses se programment. Les groupes facebook, mis en sommeil à l'issue du MST 2017 ré-ouvrent, et les volontaires affluent... 
Mais donne t-on tous les moyens d'arriver à une sortie du tabac réussie, à ces participants ?

  

Stoptober, 7ème

   

Quitter le tabac est plus facile, avec la bonne aide

  
Durant ce mois d'octobre, de l'autre côté de la Manche, la 7ème édition de l'opération "Stoptober" (modèle de notre MoisSansTabac) bat son plein.
Le Public Health England, agence exécutive du ministère de la santé britannique, et qui en supervise l'organisation, n'hésite pas à proposer, à lister les moyens qui marchent, et aussi à dire ceux qui marchent le moins.
  

"N'y allez pas « à la dure » pour quitter le tabac", préviennent les autorités britanniques, cette méthode ne donnant que le plus bas taux de réussite. Seulement 4% parvenant à se maintenir loin du tabac fumé au bout d'un an, en adoptant ce mode d'arrêt.

« Using willpower alone is the least effective méthod » 
(Utiliser la volonté seule est la méthode la moins efficace)

On y diffuse les bons messages sur la nicotine, qui n'est pas le danger du tabac fumé, mais qui au contraire peut représenter une aide précieuse dans les tentatives d'arrêt. On informe, on conseille, et on optimise ainsi les chances de réussite.

 « Continuez à utiliser vos aides pour l'arrêt du tabac ! Même s'il est tentant de penser que vous n'en avez pas besoin, ou pas besoin plus longtemps, arrêter ou diminuer ces aides peut mettre votre sevrage en péril, si vous le faites trop tôt. Plus d'info ici : https://www.nhs.uk/oneyou/be-healthier/quit-smoking/9-stop-smoking-aids-that-can-help-you-quit/ » dit cet autre tweet de #Stoptober. 

Vous pouvez visiter le site, et ses nombreux liens. C'est anglais, et il n'y aura malheureusement pas d'équivalent en français...

 
C'est sans doute grâce à une telle approche, qui n'hésite pas à promouvoir à encourager les méthodes d'aide qui ont fait leurs preuves, qu'aujourd'hui l'agence de santé britannique peut se permettre de prévoir la fin du tabagisme pour 2030. (Une prévalence tabagique à moins de 5% est l'objectif pour atteindre le “Endgame“, ou l’éradication du tabagisme).
   

  

  
  

Que 3 minutes, en France...

   

Chez nous, Santé Public France, (notre équivalent du PHE britannique), est très loin d'afficher de tels objectifs. 
A l'occasion de ce MoisSansTabac, elle se contentera de rassurer les fumeurs, en leur prédisant que l'envie de fumer ne durera que 3 minutes !
Peu d'encouragement à se faire aider, encore moins de conseils visibles, pour éviter les erreurs et leur permettre de déterminer en toute connaissance les meilleures méthodes. Le sujet de l'aide, pour arrêter de fumer semble tabou !
Même le « Kit MoisSansTabac », qui contient quelques conseils, il faudra bien chercher pour le trouver. (Si ça peut éviter à certains de le chercher des heures, en voici le lien ici )
 

La nicotine n'est pas le danger

   
En France, nous en sommes encore aux « Tu as fumé, tu devras en baver pour en sortir ». Passer par le purgatoire, expier, avant d'enfin (et peut-être) mériter une vie sans clope... 

On laisse perdurer les vieilles légendes, sur la nicotine. On laisse croire que celle-ci est le danger, sans jamais démentir ces vieilles idées reçues, maintes fois répétées à son sujet. Alors qu'au contraire, il faudrait dire aux fumeurs qu'elle peut les aider. Car en effet, ça n'est pas la nicotine, qu'il faut craindre, ou qu'il faudrait quitter au plus vite, mais bien la fumée toxique issue de la combustion du tabac ! Et que dire des messages désastreux de Tabac Info Service, qui entretien l'idée qu'il faudrait s'en débarrasser au plus vite, comme ici ?


D'après le "Baromètre santé 2017" paru en mai dernier, 47,7% des fumeurs français qui tentent l'arrêt, recourent à une aide. Les 52% restants le feraient donc sans aucune assistance, "à la dure". Lorsque l'on sait que ces "arrêts francs" n'atteignent que 2 à 4% de taux de réussite, ça laisse tout de même beaucoup de fumeurs, pourtant décidés et motivés pour l'arrêt, en situation d'échec. Pire, épuisés de tant de souffrances, déçus, découragés et sans doute honteux de ne pas avoir eu cette sacrosainte "volonté", on risque de ne pas les revoir de sitôt, pour nombre d'entre eux !

Les limites de la méthode Coué

  
Mais qui donc de nos jours, s'obstinerait à faire passer par la seule "volonté", le mal de tête dont il souffre ?  
A qui viendrait-il à l'esprit de refuser l'anesthésie locale, lors de soins dentaires ou pour se faire arracher une dent de sagesse ? Et pourtant, nos anciens s'en sont aussi passés, durant des siècles.

Extraction de dent "à la dure"

Combien de femmes refusent aujourd'hui d'accoucher sous péridurale ? Même si depuis la nuit des temps, "les femmes faisaient sans", l’analgésie péridurale est aujourd'hui largement répandue et utilisée dans près de 80% des accouchements. Aujourd'hui en obstétrique, la douleur n’a plus de signification ou de "valeur morale", comme elle pouvait en avoir autrefois. La prise en charge de la douleur est même inscrite dans la loi du 4 mars 2002, relative aux droits des malades, c'est même un droit fondamental de toute personne. 

Pourquoi seuls les fumeurs n'auraient pas le droit de se faire aider et de ne pas souffrir, au nom de quelle "valeur morale" ? N'en ont-ils pas suffisamment bavé d'être prisonniers de la clope durant des années, souffert de leurs tentatives passées et ratées, ou d'être constamment stigmatisés, rejetés ? Et il faudrait que lorsqu'ils tentent d'en sortir, ils doivent encore en endurer, pour mériter la réussite ?

Combien de temps encore, en omettant de bien les informer, les regardera t-on faire de façon moyenâgeuse, pour sortir du tabac ?

Certains, sans doute sous l'influence de principes qui nous ont été inculqués depuis des décennies, opposeront que le fumeur est responsable de sa situation, personne ne l'ayant obligé à s'y mettre. Il y aura dans ces bien-pensants, bon nombre de non-fumeurs qui n'y ont jamais touché, qui n'ont pas la moindre idée de ce que peut être l'addiction à la cigarette. C'est vrai qu'il faut l'avoir vécu, l'avoir ressenti dans ses tripes, pour comprendre ce que peut être ce manque, et de tenter de lui résister ! On trouvera aussi des fumeurs, à qui la méthode a réussi (et tant mieux pour eux, bien évidemment). Sauf que nous ne sommes pas tous égaux face à cette addiction, et plein de facteurs peuvent l'avoir influencée (Age de début, type de tabac fumé, manière de fumer...).
La seule culpabilité que je trouve aux fumeurs, c'est de s'être laissé attirer puis prendre dans le piège qui leur était tendu, lors de leurs premières clopes. Mais par la suite, ils sont surtout les victimes de ceux qui font tout pour les empêcher d'en sortir... et aussi de ceux qui s'évertuent à les culpabiliser, à les renfermer dans cette perception négative d'eux même, plutôt que de leur montrer les solutions, et de les encourager à y avoir recours.


L'idée n'est bien sûr pas de dissuader à tout prix ceux qui auront opté pour la méthode "à la dure". Mais au moins faudrait-il les avertir du faible de taux de réussite de cette option, et les informer et rassurer quant-aux aides existantes. Combien de noms d'inscrits sur les groupes du MoisSansTabac faudra t-il voir, encore cette année, disparaitre en cours de route ? Parce que quand des participants deviennent silencieux ou disparaissent, nul besoin de s'interroger longtemps pour comprendre ce qu'il leur est arrivé...

  

Alors que l'opération provoque un afflux de fumeurs, suscite l'enthousiasme et l'espoir de beaucoup d'entre eux, comment les laisser sans les bons conseils, et en laisser sciemment partir une grande partie à l'échec ?

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Alors, quelques conseils : 

- Le Kit MoisSansTabac. Vous y trouverez listés divers moyens d'aide. N'hésitez pas à lire, et à y avoir recours.

Les groupes d'auto-support : 

  

  
- Le groupe Facebook "Je Ne Fume Plus ! #jnfp".
Un groupe d'entraide, d'encouragement, et de conseils, quelle que soit la méthode choisie pour arrêter.


  

Vape Info Service est un autre groupe Facebook, créé à l'issue du MoiSsansTabac 2017, et qui a pris la suite du groupe "Vapoteurs MoiSsansTabac". Destiné à ceux qui auraient opté pour la vape, comme solution d'aide à l'arrêt.

        

     
*Ces 2 groupes sont constitués et animés par des ex-fumeurs. Ils ont aussi vécu le tabagisme, leurs diverses tentatives d'arrêt, jusqu'à celle qui fût la bonne. Aujourd'hui, ces ex-fumeurs mettent au service de tous leurs expériences, avec bienveillance.

** A noter que ces 2 groupes Facebook sont partenaires du MoisSansTabac.


 

Quelques information utiles pour ceux qui auraient opté pour la vape :

  

- Pour ceux qui s'interrogent, ou veulent tenter la vape, ici la rubrique "ecig-vape" du site de Tabac & Liberté, une association de médecins œuvrant dans le domaine de la lutte contre le tabagisme. Présentation, explications, conseils, beaucoup d'informations pour découvrir et comprendre ce qu'est la vape, sous un angle santé et Réduction du Risque.

 
- En complément, on ne pourra que recommander avant tout achat, de prendre connaissance de cette fiche "Conseils pour le matériel de vapotage" (source : Vape Info Service)

- Et enfin, cet article publié à l'occasion du MoisSansTabac 2017, sur le sujet de la nicotine.
 

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Mais aussi, ces quelques mises en garde : 

A l'occasion de MoisSansTabac, on en reverra sûrement plein, de ces vendeurs de méthodes miracles ! 
Et ils ont amélioré leur technique de recrutement, depuis les annonces dignes de marabouts que l'on voyait autrefois dans nos journaux. Aujourd'hui, ils vous séduisent au moyen de sites internet léchés, affichant des slogans racoleurs, des taux de succès sensationnels, tout ça en promotion, et rien que pour vous à l'occasion de ce MoisSansTabac ! Livres ou méthodes faciles, injection d’extraits de tabac, herbe chinoise, aimants dans les oreilles, programmes d'aide à l'arrêt par internet, laser anti-tabac... (liste non exhaustive). Des méthodes plus farfelues les unes que les autres, l'imagination de ces margoulins n'a aucune limite, surtout lorsqu'il s'agit de tenter d'extorquer de l'argent aux fumeurs désespérés.
 
Vous y trouverez quelques thérapeutes auto-proclamés, qui vantent au moyen d'arguments pseudos scientifiques une méthode sortie d'on ne sait où, et qui pour ça vous réclameront des "honoraires" totalement déraisonnables. Certains se sont installés il y a peu de temps, forts d'études... trouvées dans un livre ou sur internet, et d'une technique infaillible pour recruter des "clients", sur les réseaux sociaux.
 
Ces sites et méthodes ont pour point commun de ne vous montrer que des avis positifs. Ça marchera pour tout le monde, et facilement, vous promettront-ils ! Autre similitude révélatrice, leurs services ne seront jamais gratuits.
 
Malheureusement, les fumeurs désespérés de leurs échecs passés sont souvent une proie facile, pour de tels escroqueurs. Certains fumeurs étant parfois prêts à tout, pour enfin arriver à se sortir de leur addiction à la cigarette, parfois jusqu'au déraisonnable, en espérant que cette fois soit la bonne.
Pire, savez vous ce que fera un fumeur qui se sera fait prendre ? Rien ! Il ne se plaindra à personne, d'avoir été si crédule et de s'être fait dépouiller d'une somme non négligeable. On lui a tellement asséné que la seule volonté suffisait, que tout ce qui lui arrivait n'était que de sa faute...
 

S'il y a des méthodes qui fonctionnent mieux que d'autres, il n'en existe pas qui fassent les miracles promis par ces arnaqueurs ! 
N'allez que vers des méthodes connues, renseignez vous, recherchez et demandez plusieurs avis, avant d'acheter quoi que ce soit !

Bonne défume à tous !